FLORE DE MONTAGNE

 

Le monde végétal est en lutte permanente pour sa survie. Il ne pense qu’à éliminer ses concurrents (les arbres s’éliminent en privant l’autre de lumière, d’où la course vers le haut). Les plantes ont du s’adapter à certains milieux spécifiques ou fuir dans des zones où il n’y a pas de concurrence. C’est à l’échelle du temps géologique que se sont faites les adaptations aux contraintes particulières des climats d’altitude. Les Pyrénées ont recueilli les plantes piégées par les refroidissements du tertiaire, ou les réchauffements du quaternaire :

ancolies, gentianes, primevères, androsaces viennent d’Europe centrale et d’Asie orientale - le silène accole, l’hellébore vert sont des reliques arctiques - la prêle (queue de chat ) est la plus ancienne plante connue la ramondia, plante tropicale du tertiaire, est une endémique comme la saxifrage longifolia, le chardon bleu des Pyrénées, le gis pet, la germandrée, le lis...

 

Chaque étage possède ses spécificités de températures, d’hygrométrie, d’ensoleillement, modifiées

Par les expositions ombrée / soulane. Plus les plantes fuient vers le haut, plus elles ont à résoudre de problèmes de survie posés par la dureté climatique alpine.

 

Contraintes Réponses

Gel

Ensoleillement (u.v.)

Ecarts de température

Vent

Manque de substrat

Evaporation

 

La plupart sont des plantes vivaces. Beaucoup nécessitent plusieurs années pour accumuler les substances indispensables à la première floraison : joubarbe (2 ans), saxifrage longifolia (3 - 4 ans), grande gentiane (10 ans), silène accole (10 ans floraison partielle, 20 ans floraison totale).

 

En tant qu'angiospermes la plupart des plantes sont pollénisées par les insectes, quelques fois en prenant des risques : l’aconit napel a choisi un seul bourdon pollénisateur. Elles ont su développer des trésors de séduction pour les attirer lors de leurs courtes périodes de reproduction :

* couleurs chatoyantes : gentianes bleues, œillets.

* l’organisation florale : formes en tube, fleurs composées.

* chimie des parfums : beaucoup de labiées (menthes).

* mise en valeur de la fleur : longueur de tige.

Peu d’entre elles, les reliques arctiques, confient leur pollen au vent.

 Il n’est pas possible de citer toutes les plantes.

Choisir plusieurs stations représentatives peut paraître plus judicieux au regard du classicisme de nombreux biotopes montagnards.

Mégaphorbiaie :

Un sol riche, humide, profond, souvent à proximité des ruisseaux permet une luxuriance de hautes plantes (plus d’un mètre ) dans différentes associations :

Chemin de l' Impératrice.,. ruisseaux de la Glère, du Hourgade, du Pesson.

 

Pelouse fermée :

Souvent situées au-dessus des lisières, en soulane, à l’abri du vent, le terrain est riche en humus, le climat tempéré. C’est un jardin floral, on y trouve :

Cirque de la Glère (versant Est ), Haute vallée du Lys, Haute vallée de la Pique, Artigue.

 

Combe à neige, tourbière :

Dans des creux, abrités du vent, où la neige reste longtemps.

La période de végétation est brève, les plantes se préparent sous la neige.

Hospice de France, abords du lac Saussat (vallée d’Oô).

 

Pelouses écorchées :

A l’étage alpin, le substrat riche en sels minéraux, les U.V. enrichissent les fleurs de couleurs vives et attirantes qui vont favoriser les pollinisations des plantes à cycles végétatifs courts (2 à 3 semaines).

Ses feuilles ont un goût de noix de coco / noisette.

Les landes :

 

Eboulis :

Deux représentants caractéristiques :

* Le silène accole : il a une forme en coussinet, possède une racine profonde pour s’ancrer, s’est organisé en biocourie.

* La benoîte rampante : c’est une plante pionnière. Elle lance des stolons pour enserrer les pierres dont la décomposition va créer un micro sol.

 

Plantes rupicoles :

 

Cet inventaire ascensionnel se conclut avec les lichens, associations d’algues et de champignons. Pouvant supporter des contraintes invraisemblables ils nous rendent l’univers minéral moins austère en le coloriant de mille façons.

Les reposoirs à bétail :

Sur les lieux où séjourne le bétail qui fument le sol apportant un engrais recherché par les plantes nitrophiles, souvent inféodées à l’activité humaine. Les quatre premières citées sont comestibles.

Bords d’eaux - milieux humides :

Sous - bois :

* Champignons :

La plupart des plantes des étages subalpin et alpin sont groupées en associations végétales en fonction des biotopes. L’une peut remplacer l’autre si le climax vient à être rompu.

Pour l’œil averti, l’inventaire floral indique les modèles d’exploitation de la montagne : le surpâturage, les présences de plantes de reconquête rendent compte de l’état agropastoral des villages, de l’évolution de leur population. Il aide à déchiffrer la nature des sols et les conditions climatiques des stations sur les versants. Ces permanences sont d’une grande utilité pour appréhender des massifs peu ou pas connus.

En France, la protection de nombreuses espèces s’est avérée indispensable au vu des inconséquences humaines : Création de parcs nationaux, parcs régionaux, réserves naturelles, arrêtés préfectoraux de protection, campagnes d’affichage dans les lieux publics : lieux de visite (salles d’attente de médecins, gîtes, refuges, gares... ).