LA FORET
Ses rôles - Le massif Luchonnais - La forêt a de nombreux ennemis - Et quelques alliés
Il n’y a plus de traces de la forêt qui couvrait les Pyrénées avant l’arrivée de l’homme. Celle que nous voyons aujourd’hui est le résultat millénaire du travail humain qui l’a transformé pour son propre usage : dégager des espaces de culture, de prairies, d’estives. Les grands feux allumés sur ses flancs pour réduire la forêt sont peut -être à l’origine de leur nom : du grec Pyrrhos = feu, émis par des voyageurs grecs en Méditerranée.
Pour situer une région peu connue à l’époque.
La forêt est un lieu magique, source d’histoires et de légendes. Bénéfiques ou maléfiques. Elle a de tous temps constitué un refuge pour les marginaux, des exclus, des résistants, des hors-la-loi. C’est surtout un lieu de vie pour une grande partie de la faune, un lieu de promenade agréable, une source de revenus pour les forestiers et un paradis pour les cueilleurs de champignons.
Ses rôles sont multiples :
* absorber le gaz carbonique (photosphère ), l’eau (racines ).
* restituer de l’oxygène, de l’eau (évaporation ).
* fixer et retenir le substrat, le composter.
* retenir la neige, différer sa fonte.
* approvisionner l’industrie, la pharmacie, l’artisanat, au XVII° siècle. la Marine Royale, les forges, le chauffage, le charbon de bois, le bâtiment.
* enjoliver le paysage.
L’Etat français se soucie depuis longtemps du devenir de ses forêts. La première ordonnance royale forestière date de 1219. Philippe le Bel, en 1291, crée les Maîtres des Eaux et Forêts. Lors de la Révolution française, les forêts royales et ecclésiastiques deviennent domaniales. L’Ecole Nationale des Eaux et Forêts est créée en 1824 et le Code Forestier est promulgué en 1827, qui d’ailleurs sera mal admis par les populations :
Révolte des Demoiselles en 1830. L’O.N.F. sera créé en 1964. Il est en charge de la gestion de 10 000 Ha des 12 000 ha forestiers du Luchonnais.
Le massif Luchonnais :
Il comporte trente et une communes, dont vingt six sont forestières, totalisant 7 000 Ha (parfois en indivise). 3 000 Ha sont des forêts domaniales. Elles sont toutes privées (état / Commune) dans lesquelles il y a des usages : liberté de circulation, de ramassage de champignons (sauf pour la revente : il faut payer une redevance). Elle représente 32,7 % de la surface (23,4 % du territoire en France).
Il y est produit, chaque année, 15 000 à 20 000 m3 de bois au prix moyen de 200 francs le stère.
* 60 % de sapin (charpente, menuiserie ). Hauteur 50 m. Age : 100 à 150 ans.
* 40 % de hêtre (sciage, pâte à papier ). Hauteur 40 m. Age : 80 à 120 ans.
Le passage des coupes (régénération) se fait par rotation de 15 ans.
Nature de la forêt :
Les parties plates de fonds de vallées sont consacrées à la culture, aux prairies. Les fortes pentes sont couvertes de forêts dont la limite supérieure se situe entre 1500 m. et 2 000 m.Les étages de végétation sont classiques :
* étage colinéen jusqu’à 1 000 m.
- chêne rouvre (versant Est de la Pique en aval de Luchon) - noisetier - érable (plane, sycomore) - orme - bouleau verruqueux - aulne glutineux près de l’eau - saule - sureau noir - buis - frêne - merisier - bourdaine - quelques sapins & quelques hêtres.
* étage montagnard jusqu’à 1 600 - 1 700 m.
Hêtres et sapins sont prédominants, présents depuis respectivement 4 000 et 4 100 ans. Le sapin occupe 90% des surfaces forestière du Larboust, d’Oueil, de la Haute Pique, de la vallée du Lys, principalement en ombrée, 80% du versant ouest de la forêt de Montauban. Le hêtre est fort implanté sur les soulanes des vallées du Lys et de la Pique. Il représente 39,4% de la forêt domaniale de Luchon.
Le hêtre exige 3 à 4 mois par an une température moyenne supérieure à 10° et doit disposer d’une période de végétation d’au moins 5 mois pour emmagasiner les réserves nécessaires à l’éclosion de ses bourgeons. Il a horreur du gel. Gare aux débourrages hâtifs qui peuvent subir des gelées (1997)
Le sapin ne peut supporter des hivers de températures moyennes inférieures à - 6°.
C’est l’étage du sureau à grappe (sureau rouge) où l’if est devenu rare. Des épicéas originaires du Jura ont été introduits (haute Pique, cirque de la Glère), ainsi que des mélèzes provenant des Alpes (haute Pique, bois de
Herran, cirque de la Glère), des pins Laricio (corse) au-dessus de Cazaux de Larboust.L’épicéa, le pin de montagne, plus résistants au froid, font la transition avec l’étage sub - alpin.
* étage sub - alpin jusqu’à 2 100 m.
La limite supérieure de la forêt voit arriver les arbres pionniers à la conquête des pelouses. Beaucoup sont caduques: - bouleau - peuplier tremble - saule Marsault -
Sorbier des oiseleurs. Ca et là quelques pins de montagne, à crochets, disséminés sur la zone de combat.
L’aulne vert part plus haut diminuer les risques d’avalanche, dans les pierriers en creux (es bas).
La forêt a de nombreux ennemis :
* le feu (1948 forêt de Castillon - 1963 forêt de Cier de Luchon - 1997 bois de la Joliette à Juzet ).
* les insectes xylophages.
* la surpopulation de cervidés qui broutent les jeunes pousses, enlèvent les écorces.
* les écureuils qui mangent les bourgeons.
* les champignons parasites (graphiose de l’orme).
* la pollution atmosphérique
Et quelques alliés :
* les rongeurs qui disséminent les graines en les cachant.
* les sittelles arpentant les écorces pour picorer larves et insectes.
* des insectes tueurs d’insectes xylophages : par exemple, fourmis rousses, fourmis des bois. Quatre Fourmilières à l’ha sont l’idéal, elles dispersent les graines ; une colonie dévore 100 000 insectes en un été.
Pour une meilleure rentabilité, de belles routes forestières (voies de vidange) ont été faites par les communes aisées : forêts de Luchon, Castillon, St Aventin, Montauban, Gouaux de Luchon, Jouèou, Superbagnères et Juzet (en 1997).
L’O.N.F. a un rôle important dans la gestion de la faune et de sa protection. A Jouéou, en Haute Pique, une réserve biologique dirigée a été créée pour favoriser la réintroduction de l’ours et l’expansion du
grand tétras : plantations spécifiques d’arbres fruitiers, limitation de la pénétration pour favoriser la quiétude des portées.Avec les différentes fédérations de chasse, l’O.N.C., il cherche à réduire la pression des cervidés en surnombre dans le massif, de la sauvagine qui n’est plus piégée.
Un superbe arboretum existe à Jouéou, où on peut admirer : Chênes rouges, sapins géants, sapins de Douglas, épicéas de Sitka, cyprès de Lawson.
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