GEOMORPHOLOGIE

Note : les figures sont en cours de numérisation.

Subduction - L’orogenèse - La vallée d’Oô est un bel exemple de vallée glaciaire.

 

Quand l’homo sapiens sapiens, de 1998, randonne dans le luchonnais, il est en droit de relativiser une vie d’humain en regard de l’âge des roches qu’il foule ou observe puisque les plus anciens de ces matériaux ont près de 500 Millions d’années (Ma) (Cambro-ordovicien) et les plus récents 295 Ma (fin du Carbonifère).

En effet, ce massif est composé uniquement de roches paléozoïques qui vont subir quelques traitements pour devenir le paysage actuel.

C’est une étrange histoire d’amour vécue par les Pyrénées, témoin d’un couple (plaque européenne - plaque Ibérie) qui va s’attirer, s’user, prendre quelques distances, s’éloigner pour mieux se retrouver, et finir par se souder d’un lien qui continue de vivre. C’est ce baiser ardent, joyau sculpté par l’érosion du quaternaire, qui peut saisir tout un chacun d’une passion pyrénéenne.

 

"  Montagnes Pyrénées-éées, vous êtes mes amours !  "

 

Néanmoins, le romantisme n’exclut pas une approche plus géologique de la genèse des Pyrénées.

 Aujourd’hui, en regard des connaissances actuelles, il paraît établi que les Pyrénées sont la résultante de la rencontre de deux plaques : la plaque Europe recevant la plaque Ibérie provenant de la plaque Afrique.

Au paléozoïque, la plaque Ibérie venant se positionner près de l’Europe, à l’emplacement actuel du golfe de Gascogne, va subir avec le massif central, le massif armoricain, la poussée hercynienne pendant cinquante Ma. au carbonifère. Ce phénomène, construisant un massif de taille himalayenne, se forme le long de fosses de subduction, en bordure de l’océan équatorial qui sépare, à l’époque, l’Europe de l’Afrique.

 

Subduction : Poussées par des courants de convection, les plaques qui composent la croûte terrestre se heurtent, passent l’une sous l’autre, créant une chaîne montagneuse.

 

L’orogenèse hercynienne va remonter, plisser les sédimentations antérieures du cambro-ordivitien, silurien, dévonien, carbonifère, effectuées pendant 200 Ma. dans des mers tropicales peu profondes. L’ère mésozoïque (245 Ma.-65 Ma) va connaître un climat de type équatorial, à grosses pluies qui vont araser très fortement. 60 Ma vont transformer ce massif en pénéplaine de type altiplano andin jusqu’à en faire affleurer le granite.

 

Il faut noter, qu’il y a 290 Ma., à la fin de sa formation, la chaîne hercynienne va s’étirer, créant des fissures Nord-Sud. Dans l’une d’elles, des roches en fusion, provenant du Magma remontent sous forme de lave pour créer le volcan du Pic du Midi d’Ossau, une curiosité des Pyrénées avec la verte lherzolite ariégeoise.

 

Entre -140 Ma. et -110 Ma. l’Ibérie s’écarte de l’Europe vers le Nord-Ouest créant une brèche océanique (la Thétys) puis glisse vers le Sud-Est en 25 Ma pour se repositionner face à l’Europe.

Elle va l’aborder à hauteur du Languedoc (fig.C) créant un massif jusque en Haute Provence (fig.2), provoquant glissements et rehaussements qui vont former la faille Nord pyrénéenne entre 70 Ma. et 60 Ma.

 

Les fosses marines, bordant au Nord et au sud la zone axiale, se comblent de Flysch d’une épaisseur de 4000 m. (crétacé ). Puis, il y a 50 Ma. comme une paire de ciseaux qui se referme, les deux plaques se resserrent, relevant le massif hercynien qui va faire glisser vers le sud sa couverture sédimentaire. Le massif oriental, dont les reliques sont la Corse et la Sardaigne, va disparaître. Comprimant l’Europe vers le Nord, l’Ibérie va faire émerger l’actuelle zone axiale. L’analyse des dépôts du Piémont montre qu’il y a eu plusieurs étapes d’exhaussement de la chaîne actuelle, la dernière, et non la moindre, il y a 3 Ma. Enfin, de nombreux séismes, de plus ou moins grandes amplitudes, témoignent de la continuité de la surrection (village d’Arète en 1967).

 

Arrive l’ère quaternaire dont les grands glaciers vont strier, polir, abraser, charrier le substrat pour délivrer à nos yeux le paysage contemporain. Les glaciers de la Pique et d’Oô faisaient de cinq à sept cents mètres d’épaisseur.

La première glaciation est la plus importante, nommée Günz, date d’1 Ma, et est suivie, entrecoupée de pauses (phases interglaciaires ), de trois autres d’importances dégressives (mindel, Riis, Würm ). La dernière s’est achevée il y a dix mille ans. Nous sommes actuellement dans une phase interglaciaire qui voit les glaciers se retirer des vallées. Des reliques sont observables dans les vallées d’Oô (glaciers du Seil de la Baque, du Portillon ), du Lys (glacier du Maupas ).

 

La vallée d’Oô est un bel exemple de vallée glaciaire :

 

Le glacier de la Pique, grossi de celui du Lys (verrou de Ravi), de celui du val suspendu de Burbe, en aval du verrou de Castelvielh, créera un lac de surcreusement post-glaciaire (ombilic) depuis Bagnartigue jusqu’au verrou de Luret (Cier de Luchon). Nivelée par les cônes de déjection des deux versants et les alluvions de la Pique et de l’One, la vallée de Luchon est une superbe auge.

 

On observera sur la soulane de la montagne d’Espiau de nombreux blocs de granite erratiques charriés ici par le glacier d’Oô et sur les glaciers du Maupas, du Portillon et du Seil de la Baque, les niveaux morainiques indiquant les phases de micro glaciations survenues récemment (1850-1960).

 

Description minéralogique du luchonnais :

Le massif fait partie intégrante de la zone axiale primaire. Les "  3000 " du luchonnais (massif du Lys-Caillaouas) sont des vestiges granitiques de la poussée hercynienne.

Une auréole de contact s’est formée dans les schistes de l’ordovicien encaissant le pluton sur une épaisseur de 1000 à 1500 m. et sur une ligne : Mail Pintrat - Clos des Piches - Col d’Arrouy - Lac d’Espingo - Mail Mouillat (cornéenne à andalousite).

L’est de la chaîne, du pic Sacroux (2676 m) au pic de la Pique (2394 m) s’abaisse. Des schistes et quartzites ordoviciens travaillés par la gélifraction sur des pentes prononcées ont façonné des crêtes déchiquetées, des couloirs d’avalanches, un relief tourmenté. Des petites zones de calcaires noirs se trouvent sous les étangs de la Frêche.

* Dôme de la Garonne :

- De la vallée de la Pique aux crêtes frontières.

- Zone de micaschistes entaillée par l’anticlinal du val de Burbe riche en filon de pegmatite.

- Entre Sode et Pratviel : grès et calcaires du dévonien.

* Vallée du Larboust :

Composée de sédiments du dévonien.

- Ombrée : grès et grès verts (vallée d’Oô ). Calcaires massifs sombres (pic du Céciré ).

- Soulane : calcaire, grès et calcaires griottes (Portet, Jurvielle, Poubeau, Cathervielle ).

Flyschs carbonifères sur les crêtes (cap de la Lit ).

Présence de nombreuses moraines : Portet de Luchon, Jurvielle, Cathervielle, Garin, Cazaux, St Aventin.

* Vallée d’Oueil :

Les deux versants alternent des flyschs carbonifères et des grès du dévonien.

Moraines à Benqué et à St Paul d’Oueil.

Le massif du luchonnais contient deux accidents tectoniques cassants, témoins de la poussée de l’Eocène.

(50 Ma). L’un, dit accident de Miares - Artiga de Lin, suit une ligne val d’Esquierry - val de Medassoles - haute vallée de la Pique, au nord de la chaîne. L’autre, au sud, dit Gistain - Esera, a provoqué les grandes dénivellations (de 1000 à 1400 m) des versants sud de la haute chaîne : pic des Gourgs Blancs - Perdiguère vers la vallée d’Estos. Ces deux failles sont à l’origine de la disparition et de la résurgence de la Garonne.

Quelques mines ont été exploitées :

* Plomb -zinc : cirque des Crabioules, pic de la Mine, port d’Oô.

* Manganèse : Portet de Luchon.

* Antimoine : Poubeau et Jurvielle.

* Cuivre - fer : Artigue.

* Fluor : Barcugnas.

En aval de la vallée, les marbres de Saint Béat, appelés brèches romaines, sont renommés depuis l’antiquité.