HISTOIRE

 Conquête romaine - La Féodalité (900 - 1 200) - Une ère de prospérité va durer jusque en 1589 - La contrebande - Langue - Conscription - Des mégalithes célèbres.

 

Depuis l’Homme de Tautavel (Pyrénées Orientales, env. - 350 000 ans), l’homme s’est approché des Pyrénées par étapes liées au réchauffement du climat et au recul des glaces. Il est à Gargas (Hautes Pyrénées) entre - 300 000 et - 200 000 ans (Paléolithique, pierre taillée). Il est à Saint Mamet au Néolithique (pierre polie), encore nomade, avec des rites religieux.

C’est un début de sédentarisation. Il vit de chasse, de cueillette et amorce, peut être, déjà l’élevage.

Les prémices de la civilisation se posent depuis l’age du cuivre (- 4 500) jusqu’à l’age du fer(- 3 400 ). Depuis - 4 000, venu de l’ouest de l’Ibérie, par les Celtes, la civilisation des Mégalithes se répand. Les habitants du bord de l’One sont celtisés (Onésiens). Des Mégalithes sont visibles à Billère (alignement de 277 m. à Peyrelade), à Bourg d’Oueil, ou sur la montagne d’Espiau : menhirs, cromlechs. Les cromlechs, comme celui de Peyra-hita, sont composés d’un menhir central entouré d’un ou deux cercles de pierres. Ce sont des enceintes funéraires où l’on trouve cendres et os dans des vases cinéraires avec quelques objets, bijoux en bronze autour.

Ils ont une activité pastorale et habitent dans les fonds des vallées.

 

Conquête romaine :

Elle débute en - 40 avant J.C.. Les romains ne s’intéressent pas aux montagnes sauf s’il y a des thermes. En - 72 Pompée, fonde Lugdunum Convenarum (saint Bertrand de Comminges). Une voie romaine amène Tibère Claude, fils de l’Empereur Auguste à Luchon en - 25. Il y fonde une cité thermale qui va faire la prospérité des Onésiens (Convenes).

Le nom de Luchon peut provenir de Ilixon, divinité tutélaire romaine de l’eau et / ou de la syllabe celte "  Louch - Luch - Loch  " signifiant lac ou marécage, en référence à l’évolution du lac ombilic en aval de Luchon.

 

L’invasion des peuples du Nord et du Nord - Est signe la fin de l’Empire en 400. Passent les vandales, puis les Wisigoths qui resteront un siècle. Les Francs s’installent au VII° siècle alors que les Maures occupent l’Espagne où Cordoue rayonne. Les Francs sont chassés par les armées carolingiennes.

De 770 à 800 Charlemagne, pour gouverner, s’appuie sur le Christianisme et implante des "miles   "

Equivalant à des préfets, qui lui font une belle publicité. L’Empire de Charlemagne se disloque à la fin du IX° s.

 

La Féodalité (900 - 1 200 ) :

Les " Miles " deviennent petits seigneurs (vicomtes, comtes, barons, marquis), se partagent le territoire. En règle générale, ils se haïssent. En Luchonnais, les deux plus importantes seigneuries sont à Binos (vallée de la Pique) et en Larboust qui inclut la vallée d’Oueil. Celle-ci appartient au Vicomté d’Aure

(Comminges) jusqu’à la fin du XII° s., puis au Comté de Foix jusqu’au XIV° s. Celle là est sous la suzeraineté d'un Comte Arnaud de Comminges, apparu au milieu du X° s., jusqu’au XV° siècle. Est-ce ici le début d’un certain antagonisme entre larboustois et luchonnais ?

La petite féodalité décline tandis que se mettent en place de grands états pyrénéens (Comté de Foix, Béarn...).

Une ère de prospérité va durer jusqu’en 1589.

Le Comte de Comminges et l’Evêché vont structurer le pays. L’autorité comtale, représentée par des châtelains ou des capitaines (cier, Castelblancat) garde les forteresses protégeant les vallées. Un réseau de tours de guet (Oô, Gouaux, Castelblancat, Castelvielh, Moustajon ) signale, à l’aide de feux, l’arrivée des bandits (Miquelets = bande de mercenaires au chômage), d’ennemis, voire des Maures.

L’Eglise, sous l’influence de Cîteaux, à travers des Ordres militaires (Templiers, Hospitaliers), bâtit un réseau d’hospices. Les Hospitaliers de Frontes - Juzet créent l’Hospice de France pour faciliter le passage vers l’Espagne. Les relations avec les vallées espagnoles augmentent. Il faut améliorer les accès aux cols pour les pèlerins, les commerçants, pour contenir l’éventuelle attaque mauresque. C’est le temps de la reconquête sur l’Islam. Le chemin qui conduit au Port de Venasque est empierré.

Les églises poussent partout. Le clergé, grand propriétaire terrien, attire la main d’œuvre (serfs) par des sauvetés d’impôts, la " paix de Dieu " (Narbonne 989), un meilleur partage des récoltes qu’avec les féodaux.

 

Sous l’influence lombarde, via la Catalogne, grâce aux progrès techniques (voûte de pierre), l’art roman fait s’élancer les flèches. On passe des murs clochers à baies campanaires aux clochers à baies cintrées.

Saint Aventin est un centre important de la taille de pierre. Les autels votifs romains, les monuments funéraires sont utilisés pour bâtir les murs. L’église de Saint Aventin, un des joyaux de l’art roman pyrénéen connaît l’influence toulousaine (St Sernin), est la seule à avoir une sculpture monumentale et deux clochers. Certaines (Cazaux, Benque Dessus) sont ornées de belles fresques polychromes d’esprit manichéen. Celle de Saccourvielle est très élégante. Le culte de la Vierge (vierge à l’enfant) est très développé. Peut-être faut-il y voir la transition / récupération par l’Eglise des croyances païennes liées à la nature (sources ), à la féminité dans les montagnes : fées dans les grottes, encantades auprès des mégalithes, cultes pour certaines pierres (Poubeau) pour être fertile ou trouver un mari (fêtes de la St Jean - pierres phalliques dressées ).

La société s’organise. Les villages se choisissent des représentants (consuls), se groupent par vallées pour défendre leurs intérêts :

Les vallées françaises passent des accords d’intérêts économiques et pastoraux (Lies et Passeries) avec leurs homologues espagnols. Suite à la lutte pour le Val d’Aran (1283 - 1313), le Comte et l’Evèque de Comminges le restituent à Jaume II, roi d’Aragon. Un traité de privilèges avec les vallées françaises (Querimonia) est signé le 23 août 1313.

 

Le progrès technologique agricole au XIII° siècle :

charrue,

traction animale de la charrue par le poitrail,

culture biennale ou triennale

n’est pas pour rien dans l’accroissement de la population (1380 est comparable à 1830).

 

Le 5 janvier 1454, le Comté de Comminges est intégré au domaine royal sous Charles VII. Les hautes vallées acceptent mal la nouvelle fiscalité. La Taille augmente. Les officiers royaux perçoivent certains impôts dont ils étaient exemptés par privilèges confirmés par le Roi. La Gabelle (taxe sur le sel), la traite foraine (taxes sur les animaux et les marchandises pour l’Espagne ), les lies et les passeries. Ce sera là les débuts d’une défiance et d’une volonté d’indépendance, vis à vis du pouvoir central, séculaires et de la contrebande avec l’Espagne jamais démentie.

 

Malgré les guerres de successions (françois Ier - Habsbourg), religieuses (protestantisme), les traités avec les vallées espagnoles sont maintenus : Traités du Val d’Aran (janvier 1496 ), Plan d’Arrem au printemps 1513 pour renouveler les passeries.

 

En 1518, la paix est signée entre la France et l’Espagne. L’Edit de Nantes est promulgué.

Au XVII° siècle, la surpopulation amène à la paupérisation. La malnutrition, la sous - nutrition, le manque d’hygiène créent des conditions de vie effroyables. De nombreuses épidémies (rougeole, variole, peste, choléra), les pneumonies provoquent une grande mortalité. Les feux de villages sont fréquents.

 

Le XVIII° siècle les mercenaires démobilisés pillent, volent, créent de l’instabilité avec les guerres de successions d’Espagne (louis XIV ).

Luchon est incendiée, pillée les 15 et 16 septembre 1711.

Le chemin du Portillon est élargi en 1719 pour acheminer des canons vers Castel - Léon.

 

La Révolution est mal acceptée, elle supprime les privilèges, fait des misères au Clergé (constitution civile). Les vallées ont tendance à accueillir et protéger les prêtres réfractaires. La création d’écoles va bouleverser la vie des vallées :

  

Le XIX° siècle est celui de la surpopulation, du développement luchonnais, d’un exode massif (vers Bordeaux, Bayonne, Toulouse, l’Afrique du Nord, l’Amérique du Sud) qui n’est plus saisonnier mais définitif. Des villages disparaissent : Medan, St Jean de Loras, Herrere à l’Est de Juzet et Montauban de Luchon, remplacés par des Bordes. Les vallées sont miséreuses. La maladie de la pomme de terre, devenue aliment de base, crée des famines, la mortalité étant de 25 à 50 %. Chez les pauvres, entre 1866 et 1869,et 1 enfant sur 5 meurt.

 

Les frères Mégret de Sérigny et Mégret d’Etigny désenclavent Luchon pour la relier aux autres villes d’eaux en vogue (Cauterets, Bagnères de Bigorre). Ils ouvrent les routes de Peyresourde vers Bagnères de Bigorre et de la Pique vers Montréjeau. Contre l’avis des habitants, d’Etigny modernise Luchon à partir de 1859. Richelieu honore de sa présence les thermes en 1862. La fréquentation du Gotha européen jusque dans les années 1930 crée du luxe à Luchon : Hôtel de Superbagnères en 1922, train à crémaillère en 1911. Cela permet de faire vivre les petites gens des vallées avec de nombreux petits métiers saisonniers : porteurs de chaise, baigneurs, loueurs de chevaux... Les agriculteurs viennent vendre leurs productions : beurre, fromages, miel, fruits sauvages... Luchon devient la " Reine des Pyrénées ", et contribue au Romantisme de l’époque.

Pour la petite histoire, nombre de Grands d’Europe venaient à Luchon, non pas pour des problèmes d’O.R.L. ou rhumatismaux, mais pour soigner les maladies vénériennes. Les eaux soufrées étant un bon complément aux traitements par le mercure.

 

La frontière franco - espagnole se met en place, non sans d’âpres discussions. Celle du val d’Aran est bornée le 14 avril 1862.

 

Au XX° siècle Luchon assoit sa prospérité alors que les vallées continuent de se vider. L’abandon par les têtes couronnées de Luchon est compensé par la Sécurité Sociale qui finance les cures, les congés payés qui amènent les touristes. Superbagnères, et, plus tard, les Agudes se développent pour les sports d’hiver. Luchon s’équipe pour le tourisme estival, la Fête des Fleurs, fin août, en est le point d’orgue.

Depuis quelques années, des rivalités, de personnes, de clans politiques, de vallées ont quelque peu nuit au développement de Superbagnères alors que la station des Agudes, jumelée avec la station de Peyresourde ayant réouvert (Peyragudes) voit sa fréquentation augmenter. Les problèmes d’enneigement dans les stations pyrénéennes, à moyenne altitude, ne rendent pas la situation plus sereine.

 

La contrebande :

Elle a toujours été pratiquée dans les Pyrénées, constituant une activité fondamentale, une ressource de complément. Les hautes vallées françaises et espagnoles voyaient d’un mauvais œil l’envoi de Gabelous par les pouvoirs centraux pour percevoir les taxes.

Elle a fait la richesse de la zone frontière, a permis aux petites gens de survivre. Elle emprunte, dans le Luchonnais, les ports de Venasque, de la Picade, de la Glère, le col de Barège.

On distingue deux types de contrebande :

  1. La petite : elle concernait de petites quantités de produits de consommation courante :
  2. sel, huile, tabac, vin, chocolat, bétail, laines, alcools, sucre, café, textiles.

  3. La grande : elle concernait les mêmes produits que la petite mais en grande quantité et des produits différents :

armes, monnaie, soieries, articles de qualité. Troupeaux entiers de moutons, porcs, chevaux, mulets.

Fortement organisée, un entrepreneur pouvait garantir aux commanditaires des délais déterminés en sou traitant avec des chefs de bandes. Des troupes de 50 à 140 personnes armées ont été aperçues avec 200 mulets.

Elle a favorisé le rapprochement des deux versants, l’activité de Luchon, Vielha, Venasque, Bossost ou encore Arreau. Elle bénéficiait de l’admiration et de la solidarité des populations. Cela a aidé à passer les réfugiés républicains espagnols, puis les fugitifs du III° Reich allemand.

 

 Langue :

La formation du dialecte gascon provient de la survivance d’une vieille langue aquitanienne, conséquence de la forte ibérisation de la région, influencée par les Celtes (volsques, Tectosages) et les Vascons (basques). Il est parlé au sud de la Garonne, en Comminges, en Couserans, au val d’Aran.

La difficulté des populations gasconnes à comprendre la langue d’Oc, langue de prédilection des " parfaits Cathares ", peut expliquer la faible diffusion du catharisme en Comminges.

 

Conscription :

Peut - être dans la continuité de la défiance envers le pouvoir central et celle du refus de conscription sous Napoleon, le village de Cazaril - Laspenes est un des rares à avoir inscrit sur leur monument aux morts de la Grande Guerre : " maudite soit la guerre ".

 

Des mégalithes célèbres

Le cailhou d’ ARRIBA PARDIN à Poubeau en haut de la prairie

Symbole phallique, cette pierre, dans son érection, attire la puissance fécondante du soleil et, chargée de vertus fertilisantes, apporte la fécondité aux femmes stériles, la virilité aux hommes défaillants. Soupçonné de contribuer à quelques orgies, le rocher a été christianisé en 1871. Une croix le surmonte.

Le cailhou des POURICS (poussins)

Au sommet de l’Espiau, près de la fontaine de Hont Bicoua.

Une pierre de diamètre de 17 m. reçoit une petite pierre aplatie ornée de 94 cupules que l’homme a taillé. Certains y voient un phallus, une pierre à sacrifice où le sang coule, d’autres trouvent qu’à la fonte des neiges, au printemps, le rocher ressemble à une poule noire sur le dos de laquelle se promènent de nombreux (944 ) poussins blancs.