EDITORIAL du n°16 Août Septembre 2000
Voici
avec ce numéro 16, "Spécial été 2000", une Gazette de 32 pages. Un
prix un peu plus élevé (25 francs) uniquement pour lui, (nous reviendrons à 24
pages et 20 francs en septembre-novembre) afin de pouvoir vous offrir quatre
dossiers qui, nous l'espérons, vous plairont. En effet, vous irez à la
rencontre des musiciens d'Aure, vous connaîtrez notre démographie, vous vous
plongerez dans le travail des bûcherons et des radeliers du XVIIIème siècle et
vous irez à la rencontre de notre société rurale et montagnarde des années 60 à
2000. Bien entendu, votre revue, dans le reste de son contenu, n'a pas changé :
toutes les rubriques habituelles vous attendent.
A
la Gazette, nous avons voulu cet été beau et enrichissant. Si le climat change,
nous, nous ne changeons pas : nous avons envie de toujours plus connaître et de
partager. Depuis deux mois, nous avons suivi l'actualité et, par journaux
interposés, "l'affaire Despentes". Cette romancière a mis en scène
l'histoire de son premier livre "Baise-moi" (où les scènes de sexe et
de tueries se succèdent) qui avait été un incroyable best-seller, il y a 6 ans.
Le film, autorisé dans un premier temps à paraître dans les salles avec
interdiction aux moins de 18 ans, a finalement été relégué par le Conseil
d'État dans la catégorie X après la plainte d'une association. Cette affaire
met en lumière et de façon éclatante le mal-être de notre société où violence
et pornographie prolifèrent dans le cinéma et sur le Web. On sait ce que ça a
donné : combien de crimes ont été commis par de jeunes gens fragilisés
psychologiquement ?
L'affaire
"Despentes" a permis, grâce à un film pénible de cerner ce qui ne va
pas dans notre société où la violence et le sexe réduit à la pornographie, sont
omniprésents. L'homme, animal pensant explique ses comportements aux travers de
traumatismes. Par exemple, comme dans "Baise-moi", où l'héroïne subit
un viol collectif d'une extrême violence et qui, avec une amie tout aussi
paumée qu'elle, entreprend de se venger en tuant tous les hommes qu'elles séduisent.
Tous les films de violence et sexe, et il y en a à profusion aux USA, montrent
en fait que "le monde est implacable pour les faibles, que l'affrontement
physique est le mode normal des relations entre les hommes, que le salut réside
dans le déchaînement d'une violence préventive ou punitive administrée par des
individus sans crainte et sans pitié. {le film de Virginie Despentes}...
célèbre lui aussi la violence privée comme méthode de résolution des conflits,
qu'il professe une morale de la haine..." (1)
Je
parle de cela aujourd'hui parce que cette violence presque légalisée nous
concerne tous en nous empêchant d'avancer. Nous souffrons, subissons et
acceptons celle exprimée par une minorité : harcèlements sexuel et
psychologique, prostitution, esclavage moderne, exploitation, exclusion,
diffamation, haine, rejet de l'autre, racisme, orgueil, mépris et tout le
reste...
Et
chez nous, où en est-on ? Notre "pays" n 'intéresse même plus les
touristes. Pourquoi? Qu'avons-nous fait ou pas fait justement? Il serait temps
de se pencher sur nous-mêmes pour pouvoir, un jour remédier au mal.
Bon été à tous !
Jacqueline Mansas
(1) Laurent Joffrin – Nouvel Observateur n°
1868.