Page 5 :        Larboust: "Ombres et Lumières en Larboust" par André Sangay (suite1)

 

BILLERES

Nous avions fait connaissance avec la vallée du Larboust. Continuons la promenade dans ce monde préservé...

 

"Peut-on parler de renouveau ? Il semble que ce soit encore prématuré car les conditions démographiques sont encore trop délabrées pour pouvoir accompagner efficacement ce timide redressement. C'est donc avec une certaine prudence et beaucoup d'humilité qu'il faut énoncer quelques propositions susceptibles de favoriser le progrès.

Quelle stratégie ? Jouer la carte du tourisme sans pour autant sacrifier l'agropastoralisme car les deux activités sont très complémentaires : l'agropastoralisme permet le maintien d'une vie dans les villages et la protection de l'environnement dans un milieu difficile ; le tourisme créateur d'emplois doit induire des débouchés pour l'agriculture.

Pour se faire, les élus, en un premier temps, ont un rôle essentiel à jouer comme les réussites de Peyragudes ou du Louron l'ont prouvé :

- d'abord faire taire l'esprit de clocher et transformer le SIVOM du canton de Luchon en une Communauté de Communes.

- utiliser à fond l'aide départementale, régionale et européenne par le biais de la procédure du contrat de terroir déjà bien engagée sur le plan cantonal.

- établir des liens avec les vallées voisines du pays de Luchon (Louron, Val d'Aran, Barousse notamment) de façon à créer une entité de pays.

- veiller à la protection de l'environnement en favorisant les écobuages, les débroussaillages (création d'emplois-jeunes possible).

- en matière "d'urbanisation" donner la priorité à la construction de gîtes à l'année sur les gîtes saisonniers de façon à répondre à une forte demande d'installation ; limiter le plus possible l'extension du nombre de résidences secondaires déjà très élevé (plus de 80 à Garin !).

Quant aux jeunes ou aux associations, ils doivent dans les projets qu'ils présentent tenir compte de la demande et des lacunes existantes en matière de tourisme notamment. C'est le souci de l'Association "Maisons Paysannes des Pyrénées" dont le projet de "village pyrénéen" a été retenu dans le contrat de terroir du Pays de Luchon. Avec pour ambition de devenir un centre de culture pyrénéenne, il doit favoriser la mise en valeur du patrimoine valléen sous exploité (site archéologique d'Espiau, églises romanes) et pourrait fonctionner en réseau avec d'autres sites régionaux et, pourquoi pas, intéresser et s'intéresser à Peyragudes.

Pas de remède miracle mais un oeil toujours ouvert sur l'évolution constante des secteurs d'activité avec une volonté affirmée d'associer ces secteurs (tourisme vert, tourisme culturel, artisanat, agriculture de qualité pour satisfaire une nouvelle clientèle par exemple).

C'est à la condition expresse de lutter contre le cloisonnement non seulement dans la géographie de la vallée et dans ses activités mais aussi dans les mentalités que le Larboust réussira sa mutation et retrouvera son rang de grande vallée pyrénéenne.

André Sangay

A la rencontre de la faune sauvage …

 

Hôte des forêts comme le sanglier et comme lui, cible de choix du chasseur (avant qu'il ne soit protégé), le Grand Tétras ou coq de bruyère se plaît particulièrement dans certaines forêts exposées au nord entre 1000 et 1600 mètres d'altitude. C'est le cas du "Bosc gran" de Oô, de Gourruon Soubiroun sur le flanc nord de Superbagnères, de Turmech à la vallée du Lys, des lisières nord de Campsaure. Il y trouve myrtilles et framboises en quantité pendant la belle saison, bourgeons et aiguilles dont il doit se contenter pendant l'hiver. Les fientes cylindriques qu'on trouve en abondance dans ces parages permettent de déceler sa présence mais il faut bien connaître les mœurs du grand coq pour le surprendre et l'observer. La meilleure période pour cela (...) se place du début mai à la mi-juin, pendant la saison des amours. Il faut choisir de préférence une nuit chaude, pleine de lune, ce qui garantit à la fois une marche plus facile dans la forêt et l'ardeur amoureuse du grand oiseau. Mieux vaut éviter les sapinières où il est très difficile de l'apercevoir, alors que sur un hêtre, sa silhouette se détache très bien sur le ciel. L'approche est tout un art et doit se faire en montant. Silence et totale immobilité... soudain, quatre à cinq coups brefs et secs comme le choc atténué du marteau sur l'enclume, annoncent le chant d'amour. Il faut se préparer à bondir dès que commence l'étonnante exhibition du Tétras. Durant quelques secondes, perdu dans ses rêves érotiques, tournant sur lui-même, la queue déployée vers le ciel, les rauques semblables au bruit de la scie dans son rapide va-et-vient. Une étrange surdité le rend alors indifférent à la bruyante progression de l'homme qui doit cependant s'immobiliser avant que ne cesse l'orgueilleuse parade. Toute la difficulté de l'approche est là ; en outre, si les poules ont déjà répondu à l'appel pressant du mâle et se trouvent dans le quartier de chant, elles peuvent donner l'alerte et faire échouer la tentative. Le (chasseur) est lui-même impressionné par le vol rapide et plongeant des gros mâles au plumage sombre dont le poids dépasse parfois 4 kgs. La poule, quant à elle, est de moitié plus petite et de couleur rousse".

 

André Sangay

 

Victime des abus des chasseurs et du braconnage ainsi que de la dévastation des nids par la martre, le Grand Tétras a été en régression dans toute les vallées. Désormais protégé, sa population augmente partout mais le braconnage est toujours a craindre. Les mesures prises en faveur des zones à ours par l'ONF et les Fédérations de Chasse en coopération avec l'ADET et DIREN-LIFE lui sont bénéfiques car les coupes de bois sont réglementées, les pistes forestières oubliées et les battues moindre. Un effort gigantesque a été fait par des personnes responsables pour la conservation de ce patrimoine sauvage et indissociable des Pyrénées.

Jacqueline Mansas

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