Page 9 BAROUSSE/COMMINGES
Les Castets en Barousse et Comminges (3)
Après
les Tours de guet et de signaux, voici les maisons fortifiées que l’on appelle
Castets dans les Pyrénées Centrales.
Elles
ont presque toutes disparu usées par le temps et les outrages des hommes.
Certaines ont été tellement modifiées qu’on ne les voit plus, que l’on ne les
imagine même plus. Tout leur environnement est transformé mais là où elles
sont, les pierres parlent encore. Parfois, on peut les écouter murmurer les
paroles des temps passés. On entend alors l’accent rocailleux et la langue
chantante des Pyrénées.
Retrouvons la maison fortifiée qui reste en Pays des Quatre Vallées et
imaginons celles qui ne sont plus.
Comment était une maison forte ?
Elle
se composait d’une tour-donjon, imposante en Comminges, simple en Barousse dans
laquelle on trouvait le magasin, la salle seigneuriale où l’occupant des lieux,
vassal du seigneur, recevait des habitants leurs « impôts » en nature
à savoir les céréales et autres marchandises non périssables, la chambre des
gardes ou du seigneur, c’était selon, et le hourd sous un toit
d’ardoises à quatre pans.
Une
bâtisse lui était toujours accolée, il s’agissait de la demeure seigneuriale.
Elle suivait le plan des maisons pyrénéennes avec une salle à vivre décorée de
boiseries, une petite cuisine appelée la « crambette » où l’on
trouvait un évier en pierre. L’étage était partagé en deux ou trois chambres
selon l’importance de la famille du seigneur local.
Une
courtine enserrait la basse cour dont la superficie épousait le relief
et correspondait au nombre de population de la paroisse et du cheptel. Une autre
muraille entourait la haute cour mais il n’existait pas de chemise autour de la
tour. Des bâtiments réservés aux animaux étaient accolés à la maison
seigneuriale et à la tour : une étable, une bergerie, une porcherie, un enclos
à volailles et la maison du gardien ouverts sur la basse cour. La maison des
gardes donnait sur la haute cour. En règle générale, une chapelle dite castrale
était bâtie à proximité et lui était affectée. Sur le mur du chœur, en règle
générale, une fresque représentant des morceaux d’histoire de la Vierge Marie
était peinte.
Un
Castet avait donc toutes les fonctions d’une forteresse mais faisait preuve de
simplicité voire de rusticité. Il était habité en permanence par un petit
seigneur local délégué par le seigneur qui administrait un territoire
parfaitement délimité. Après le passage des comtés à la couronne de France, ils
en devinrent, on le suppose, propriétaires. Les Quatre-Vallées, à la chute des
Armagnacs furent érigés en Pays d’État et gouvernés par le Tiers État. Les Castets
eurent le même sort que dans les comtés.
Dans
les comtés, les petits seigneurs locaux continuèrent à percevoir leurs
impositions comme tout féodal qui se respecte. Dans les Quatre-Vallées, il n’en
fut pas de même : ils payèrent leurs impôts comme le reste de la population.
Ils ne gardèrent aucune prérogative.
Et les Castets en Barousse, comment étaient-ils et à quoi servaient-ils
?
Il
y en avait quatre dans la vallée, nous les avons répertoriés, chacune dans un
bassin. Le seigneur de la baronnie de Labarthe administrait quatre vallées et
sa résidence principale était à La Barthe de Neste qui était la
« capitale » de la baronnie. Il se rendait en inspection dans ses
vallées et résidait alors dans la forteresse locale. En Barousse, il logeait à
Bramevaque. Pour administrer son domaine baroussais, il avait partagé la vallée
en trois entités : la Haute-Barousse avec le donjon de Mauléon pour point central auquel étaient accolés
quelques bâtiments rustiques ; l’ensemble amélioré devint un château seigneurial
au 12ème siècle. Le castet se trouvait à Ferrère car on exploitait
les mines de fer depuis l’Antiquité dans la montagne. Elle se trouvait à
l’entrée du village pour bien voir vers la vallée. On avait dans la ligne de mire
le massif du Gert et au premier plan, la montagne de Gouardère. La Moyenne
Barousse dépendait de Samuran. Le village était tellement petit qu’il tenait
dans l’enceinte seigneuriale. La chapelle était construite de l’autre côté de
la route juste en face du castet. La Basse Barousse dépendait de Bertren et la
partie est de la Haute-Barousse de Cazarilh.
Bertren,
Samuran, Cazarilh étaient bâtis à l’intérieur d’une enceinte seigneuriale mais
pas Ferrère. Il reste des pans de murailles à Cazarilh côté est, rien à Samuran
et à Bertren. Dans ce dernier village, elle fut démolie lors de la construction
de la « voie » royale dite « Vieille Toulouse » par d’Etigny à partir de 1760.
Ces maisons fortifiées avaient tout une fonction,
elles symbolisaient le pouvoir seigneurial à tous les niveaux : politique,
administratif et défensif. On ne peut pas leur donner une destination militaire
car elles n’ont pas l’architecture des forteresses défensives. Elles jouaient
le rôle - pourrait-on dire - de sous-préfectures, la forteresse étant la
préfecture. Elles couvraient un territoire bien délimité. La présence de
chapelles montraient bien à tous que l’on se mettait sous la protection divine
et en même temps rappelait la puissance de l’église.
Les
fresques dédiées à la Vierge Marie témoignent de la foi et de la dévotion
mariale des populations montagnardes. Les artistes qui les peignaient
s’inspiraient de l’ambiance locale. Ils exprimaient les croyances des
paroissiens au travers de leurs œuvres.
Il suffit d’admirer celle de Samuran qui représente l’Adoration des Mages avec
Marie allaitant son enfant, avec les Mages
: un chanoine de St-Bertrand de Comminges, l’évêque Bertrand de l’Isle
et saint Vincent patron de la paroisse et des vignerons. Il est permis de
penser que le seigneur du lieu montrait tout de même ses préférences au niveau
du choix d’un passage de l’Histoire Sainte.
Jacqueline
Mansas
Dans le prochain
numéro : Ce qu’ils sont devenus Légendes et
description
Voir également sur ce site :
le projet de reconstruction des 11
tours à signaux des vallées Luchonnaises
château de Bezins-Garraux
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