On
les appelle les Soulères, c’est une habitude au village de Tramezaïgues de
donner aux dames âgées des sobriquets qui n’ont rien de péjoratif, mais qui les
situent dans le cadre des familles du village.
Il
ne faut pas en effet oublier que beaucoup de ces familles n’ont conservé leur
nom ancien que par la tradition qui voulait qu’un gendre apportât son patronyme
mais que la maison conservât le nom de son fondateur. C’est ainsi que l’on
appelait Aspate la mémé de chez Aspe, la Hissade de chez Fisse, la Luidate de
chez Fourtine-Luide, la Barguero de chez Palasset, la Placetere de chez
Valentian, Placète et les Soulères de chez Soulé.
On
trouve le nom de Soulé sur les documents les plus anciens et en particulier,
sur les registres paroissiaux dès le 17ème siècle. Ils étaient des
propriétaires importants et ce sont eux qui avaient le plus grand nombre de
granges de la communauté. Au 18ème siècle, il ne leur restait qu’une
fille qui a épousé un Carrère d’Aragnouet et la famille est donc devenue la
famille Carrère, maison Soulé. Malheureusement, cette dernière appellation,
comme les autres, tombe en désuétude et dans une génération, les enfants auront
oublié tout cela.
Mais
revenons à notre sujet. Elles s’appellent Louise et Marie-Louise. Elles ont eu
un destin parallèle et vivent aujourd’hui ensemble dans la maison familiale
entourées de l’affection de leurs enfants et de leurs amis.
Nées
toutes les deux en 1912, elles portent le même nom Carrère bien que n’ayant
aucune parenté. Elles ont grandi côte à côte dans le petit village qui était
d’ailleurs à cette époque beaucoup plus peuplé que de nos jours puisque l’on y
a recensé en 1911, 116 habitants contre 30 aujourd’hui. Les enfants étaient
nombreux dans les familles et on pouvait compter jusqu’à 25 élèves à l’école
communale. Elles ont passé les années de la guerre 14-18 sans avoir la douleur
de voir partir leurs pères ni de voir disparaître un de leurs proches. Et quand
elles eurent sept ans, elles entrèrent dans cette école sous la férule d’un
instituteur assez sévère, Monsieur Loustau.
Elles
y sont restées jusqu’à l’âge de 12 ans, c’est à dire jusqu’au niveau du
certificat d’études qu’elles ne passèrent pas, la tradition voulant que les
filles ne reçoivent pas une instruction trop poussée et les familles préférant,
au mois de juin, avoir une bergère plutôt qu’une diplômée.
(lire la suite dans la Gazette !)
GV28 – Sommaire – Partenaires – Arborescence