Le site de PEM Marignac est-il pollué ?

Il est vrai que l’usine est proche de la rivière la Pique et que la nappe phréatique se trouve à quelques mètres sous la surface.

La vallée de Mariganc est formée de terrains alluvionnaires assez perméables. Le maire André Pallas fait le point ;

 

(Article paru le jeudi 14 novembre 2002 dans la Semaine des Pyrénées.)

Marignac

 

Est-ce que vraiment le site industriel PEM de Marignac est pollué ? C’est la rumeur qui court depuis plusieurs années et en 2002, la municipalité de Marignac a essayé d’en savoir plus. Péchiney ne s’est pas fait prier. Les ouvriers, quant à eux, certifient que leur usine, - car même pour ceux qui sont désormais chômeurs, elle est encore à eux,- n’est pas polluée, qu’ils ont fait leur travail comme il le fallait avec toutes les précautions requises.

Il est vrai que la colline de laitier que l’on voit de loin (altitude d’environ 250 mètres) à cause de sa blancheur, n’inspire pas confiance et pourtant elle n’est absolument pas dangereuse puisque elle n’est formée que de résidus uniquement composés de silicates provenant de la fusion du métal et pouvant être utilisés dans le bâtiment et la verrerie entre autres. C’est tout bonnement, de la chaux à l’état pur. Lorsque l’on s’en sert, le produit « a du mal à démarrer puis devient très bon ». Par contre, dans son prolongement vers l’intérieur de l’usine, le crassier, - bien moins haut, - est formé de déchets très anciens. On y trouve, c’est vrai, de la cyanamide (la cyanamide calcique est un engrais azoté), du cyanure de potassium (déchets du potassium) qui est toxique, et du prussiate (ancien nom du cyanure, sel de l’acide cyanhydrique appelé communément acide prussique) qui en est également. La cyanamide est une matière inerte depuis au moins vingt ans et ne bouge pas. Les deux autres sont dangereux individuellement mais ensemble se neutralisent et deviennent également une matière inerte.

Sur le site il y a des puits qui atteignent la nappe phréatique et qui doivent être l’objet de toutes les surveillances. La plaine de Marignac est d’origine alluviale comme toutes les vallées longeant la Garonne et elle est plutôt plate le long des berges du fleuve. De ce fait, la nappe n’est pas très profonde et les déchets répandus en surface peuvent la polluer très vite (engrais, pesticides, herbicides, et autres poisons agricoles et déchets humains).

Depuis plusieurs années, toutes les industries contrôlent la pollution sur leurs sites. Des piézomètres qui sont des instruments de mesure de la pression des liquides, sont installés et l’eau est particulièrement surveillée. Les analyses de la nappe phréatique sont fréquentes et la DRIRE veille au grain. Il y a des seuils de pollution à respecter et si, sur un site, le degré de pollution se trouve en-dessous, l’industriel n’est pas obligé de dépolluer s’il veut vendre son site. Mais, dans tous les cas, pour qu’il puisse le faire, il doit commander une étude simplifiée des risques. En cas de pollution avérée, l’industriel ne peut vendre que s’il a dépollué mais le repreneur peut le faire en défalquant les frais occasionnés du prix de vente.

En général, c’est ainsi que cela se passe. Il n’y a donc aucune opposition à la vente de l’usine et de son site par Péchiney, si toutefois celui-ci désire s’en défaire.

André Pallas, maire de Marignac, fait le point.

 

La Semaine : Comment avez-vous engagé cette action contre Péchiney ?

André Pallas : On sait que dans le temps, il avait été mis dans le crassier de la cyanamide, du cyanure et un peu de prussiate. Tout cela est enterré sous les déchets et sur son arrière, on l’a recouvert avec le laitier qui lui n’est pas toxique du tout. Actuellement, sur cette zone, il y a sept puits dans lesquels Péchiney fait faire chaque mois des prélèvements sur les injonctions de la DRIRE afin de bien vérifier que la nappe phréatique n’est pas atteinte par ces toxiques. Jusqu’à présent, il n’y a pas de pollution, les résultats sont négatifs. Nous voulons avoir le maximum de garanties afin que plus tard, cette pollution du crassier n’atteigne pas l’eau. D’où, cette demande active de renseignements. Il faut toutefois préciser que le site PEM de Marignac est classé et est sous contrôle de la DRIRE de Midi-Pyrénées.

Avez-vous des contacts avec Péchiney ?

AP : On nous a demandé un permis de démolir pour une partie de l’usine qui comprend de vieux bâtiments qui ne peuvent en aucun cas être réutilisés et une dalle de béton totalement inesthétique. Le Conseil Municipal s’est déplacé sur les lieux pour constater de visu ce qu’il en était, a écouté les explications données par la direction et finalement, ne s’est pas opposé à cette démolition. Ces vieux bâtiments et la dalle sont situés contre le crassier et tout cela ne sert plus à rien. Cette destruction permettra d’aménager le crassier et le laitier en colline arborée, il n’y a pas de chutes, de falaises abruptes et il suffira de les travailler afin que la future butte soit esthétique et s’intègre parfaitement dans le paysage. Péchiney va s’occuper de réaliser tout cela. Ils disent d’ailleurs : « la démolition de ces bâtiments a pour objectif de libérer l’emprise nécessaire au projet de réhabilitation de décharge industrielle du site ». En fait, une fois que ces bâtisses et la dalle auront disparu, ils vont étaler le crassier et le laitier par dessus avec une montée en pente douce afin d’harmoniser le tout. Notre objectif, à nous, est d’obliger Péchiney à créer à cet endroit qui ne servira plus à personne, un site de loisirs.

Mais si l’unité de recyclage voit le jour, cet emplacement ne va-t-il pas faire défaut ?

A.P : Absolument pas, car cette partie ne sera jamais réutilisée. Elle s’étend sur environ une quinzaine d’hectares et serait accessible uniquement par l’ancienne route de Cierp à Marignac au lieu-dit Rouziet, donc tout à fait à l’écart de l’usine proprement dite. Il faut bien reconnaître que l’on ne peut garder aucun vestige qui puisse être dangereux. Péchiney est d’accord, ce sont eux qui ont proposé le projet, nous poussons en ce sens et nous allons suivre cette affaire de très près.

Et pour le site industriel proprement dit ?

A.P : Il y a des contacts. Je souhaite que des entreprises viennent s’installer car il y a de la place encore inutilisée. Des entrepreneurs voudraient essayer de monter des ateliers et occuper les parties de l’usine qui ne seront pas utilisées par la fonderie. Ces installations créeraient des emplois. Lorsque l’on s’adresse à la mairie, je renvoie les demandeurs sur la direction de Péchiney en espérant que cela marche. Ces entrepreneurs sont tout à fait indépendants de la fabrication de magnésium, ils font autre chose mais ils pourraient créer des emplois, ce qui est essentiel. Même si ces entreprises sont là, le projet mis en valeur par CIDECOS pourrait se réaliser.

Voyez-vous, mon espoir serait que l’on puisse dans un premier temps, voir des emplois être proposés pour remplacer ceux que l’on a perdu et en générer d’autres. C’est dans ce but, que nous, les élus, nous demandons à Péchiney de compenser la perte des emplois que nous avons eu. Nous le demandons mais nous ne sommes pas bien entendus et écoutés.

 

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Un commentaire est donc nécessaire pour bien comprendre les enjeux.

La population se pose des questions et réfléchit sur les évènements boursiers et donc financiers.

Il ne faut pas oublier que le groupe Péchiney est une multinationale et que de ce fait,

elle ne raisonne pas en terme d’humanité  mais en terme d’argent.

Peu importe que la moitié de l’humanité croupisse dans la misère, la faim, la peur et les maladies,

pourvu qu’elle gagne de l’argent. (non publié)

 

Les élus ont donc plusieurs projets pour ce site qui couvre à peu près 40 hectares :

-         réhabiliter les parties inutilisées et qui pourraient devenir polluantes, il est dommage que l’on n’ ait pas pu y penser plus tôt mais ; tant le crassier que le laitier, étaient alimentés par la production de magnésium. Un lieu de loisirs totalement indépendant de l’usine verrait le jour. Et ceci à l’initiative de Péchiney poussé par les élus.

-          Faire venir sur les parties inutilisables pour n’importe quel projet à vocation industrielle, des entreprises indépendantes qui auraient à leur disposition des moyens importants : les routes, la gare, les services des sous –traitants déjà touchés par la perte de la production de magnésium, des débouchés sur la péninsule Ibérique et par là, l’Afrique du Nord.

-         Et monter une unité de recyclage comme le prévoit l’expert CIDECOS.

Il s’agit d’une aventure de longue haleine car il faudra convaincre Péchiney, soit de vendre le site et le brevet, soit de créer cette unité. Il faudra le convaincre aussi de céder une partie des friches.

Les habitants se posent toujours des questions quant à l’avenir du site. La majorité veut croire en la reprise de l’usine pour recycler les déchets de magnésium mais reste dans l’expectative. En effet, disent – ils, « maintenant que les pays de l’Est de l’Europe vont entrer dans l’Union Européenne, rien ne s’oppose plus à ce que Péchiney aille installer là-bas, dans un de ces pays - où la main-d’œuvre est importante et sous-payée, où les contraintes sociales et sécuritaires sont beaucoup moins contraignantes qu’en France - une usine de production de magnésium et une usine de recyclage des déchets. Ils ont tout à y gagner puisque l’Europe, en plus, les aidera à installer leurs industries dans ces pays sinistrés, le fameux brevet élaboré à Marignac par les anciens ouvriers, leur appartenant. On sait que le prix du magnésium produit en Chine va augmenter et que les coûts suivront. Il y a donc intérêt pour Péchiney, de se rabattre sur l’Europe de l’Est où les conditions de production seront à peu près les mêmes qu’en Chine, la distance en moins. Toutes les grandes entreprises s’en vont en Pologne, dans les Pays Baltes et il n’y a pas de raison que Péchiney ne fasse pas de même. De toute façon, ce sera nous qui paierons les pots cassés »

La population est en attente d’une réaction positive et demande la Tenue de la Table Ronde pour l’Emploi dans le Haut-Comminges,. Celle-ci se fait attendre et tout le monde craint qu’elle ne voie jamais le jour. Un ancien syndicaliste, aujourd’hui très âgé conclut : « nous avons voulu et laisser faire les financiers et leur ultra-libéralisme, nos élus au plus haut niveau n’ont pas su voir les dangers. Dans certains pays, le pouvoir a déporté des populations entières pour mieux les contrôler, vidant les villes et les campagnes où elles vivaient et on ne s’est même pas rendu compte que cela se faisait sous nos yeux, à notre porte dans

la plus parfaite démocratie. Cet exode qui vide nos campagnes est voulu mais on ne sait pas pourquoi. »

 

                                                                                                                                 Jacqueline Mansas