Contribution au Comité de soutien pour

le maintien de l’activité de l’usine Pechiney Marignac

 

I - Voici un premier texte mis en ligne le 2 juin 2001 sur

 http://ccluchon.free.fr/quoi/quoi4.htm

 

L'affaire de Marignac occupe beaucoup la Gazette qui y consacre un numéro entier ; le 21 à paraître. Nous sommes solidaires avec les travailleurs qui subissent les méfaits de la mondialisation. Nous assistons impuissants au jeu de l'argent et des pouvoirs qui broient littéralement des familles entières par ci par là dans le monde. Le magnésium produit à Marignac ne semble pas être une matière première stratégique et les coûts sociaux (supportés par l'ensemble de la société française) semblent dérisoires face aux profits de quelques actionnaires. Mais qu'en sera t il lorsque le chantage économique sur le magnésium débutera et lorsque les prix de productions hors Europe ne seront plus aussi attractifs ? Faudra t il redémarrer Marignac ? Ou bien l'Europe financera t elle un autre site au gré du clientélisme politique ?

Nos "dirigeants" gèrent cela à très court terme ; dans moins de 15 ans nous redécouvrirons la richesse humaine dilapidée en ce moment à Marignac et nos sociétés paieront une fois de plus le prix fort. Mais aujourd'hui ce sont des innocents qui le paient !

Une mise en sommeil progressive du site serait une bien meilleure alternative à ce transfert d'activité ; combien coûte un chômeur : 120 000 F/an selon le discours de notre Président de la République lors de son élection....

 

II - Voici maintenant le temps des propositions après toutes ces élections qui ont annulés la plupart des recours et des luttes précédentes.

 

Résumé : la pérennité du Comité passe par des actions positives inscrites dans une durée limitée : 5 ans.

 

Suite aux élections tous les contacts doivent être reconstruis ; aucune mémoire d’élus n’est suffisamment forte pour relancer le dossier Marignac ! Il y a tant de Marignac en France, en Europe … et puis la Chine c’est bien loin !

 

Face à ces constats il est nécessaire de pérenniser la mémoire de l’injustice vécue par 350 « ouvriers » soumis involontairement aux dictats du pouvoir financier et aux règles de la mondialisation.

 

Comment, aujourd’hui donner la parole et conserver les faits pour que tous ces méfaits financiers soient corrélés entre eux et que l’opinion publique puisse être informée et surtout déconditionnée par les discours du type « tout va bien, faisons marcher l’économique, le social suivra » ? 

 

Je propose d’utiliser le réseau Internet pour compiler les faits et

la Fête des Fleurs pour atteindre la population !

Comment pourrions nous faire la fête au fond de la vallée alors qu’à l’entrée de cette vallée ce sont les peurs de l’avenir qui martèlent les cœurs et les cerveaux ? Il ne s’agit pas de gâcher la fête, bien au contraire ; il s’agit de donner à cette fête une dimension humaine ou plutôt humaniste en donnant les moyens à Marignac de refaire entendre sa voix. Distribution de tracts, pose d’affiches, bureaux de soutien, informations sur les hauts parleurs, distribution d’entrée gratuites pour les familles dans le désespoir, financement du comité de soutien …..

 

Cette orientation humaniste ne peut qu’être bien perçue par la population Luchonnaise et par les touristes ; enfin j’espère pour eux, sinon je deviens anarchiste !

 

Quelles propositions concrètes le Comité de soutien peut-il adresser à la population. Outre les signatures de soutien et les aumônes déposées dans un tronc :

il faut permettre aux consommateurs, aux épargnants, aux touristes, … d’agir au quotidien en fonction de cette menace que représentent le pouvoir financier et la mondialisation.

 

Comment ?

 

1 ) En invitant la population à visiter Marignac et son site industriel sous forme d’un tourisme industriel à caractère social et revendicateur. L’hébergement et les visites doivent être organisés par le Comité de soutien en disant « venez dépenser vos sous dans notre pays, vous nous aiderez dans notre action et nous vous garantissons des visites instructives ». Une salle d’exposition et d’accueil doit être organisée par le CE de l’entreprise.

 

2) En participant aux financements et à la gestion d’unités de production échappant au pouvoir financier et directement en prise avec le citoyen. Ces unités de production sont choisies par le Comité de soutien pour leurs caractères local au niveau des emplois, pour leur insertion dans le développement durable et mieux la décroissance soutenable de certaines régions, pour la rupture de l’anonymat des biens de consommation, pour l’adéquation entre l’agriculture – l’élevage – l’agroalimentaire – l’écologie – le tourisme industriel…

Une banque fait cela : LA NEF !

Des exploitations agricoles ouvrent leurs portes et leurs capitaux ! n’y a-t-il pas d’exploitations agricoles susceptibles de se convertir moyennant un apport financier extérieur (par les souscripteurs trouvés par le comité de soutien) et de devenir une des vitrines positives des actions de rébellion de Marignac ?

Des niches de marchés deviennent localement viables lorsque on y injecte les moyens de redéveloppement qui accompagnent parfois les « charettes sociales » .

Exemple : les anciens au village me parlent souvent des tonnages importants de plantes médicinales qu’ils allaient ramasser dans les montagnes pour les évacuer par le train vers des laboratoires parisiens et autres lieux où la décroissance soutenable serait la bienvenue ! Pourquoi ne pas remonter cette activité mais en implantant les labos de chimie fine à Marignac et ses environs !

 

3) Un autre exemple « utopique » certes (mais ne dis-t-on pas que les utopies d’aujourd’hui sont les réalités de demain) consiste à monter un projet sur les moyens de communication en montagne en plus du 4x4 réglementé et de l’hélicoptère onéreux (1 000 € de l’heure) :

Il s’agit de remettre en vigueur les trains de mules ou d’ânes ou de chevaux capables de prendre des parts de marché sur le transport des biens et des personnes en montagne ou à travers les montagnes. Il faut un nombre conséquent de bêtes (100 têtes donc 100 ha pour les nourrir) pour intéresser les industriels du tourisme, du bois, de l’électricité, du bâtiment …. Les éleveurs pourraient aussi éviter l’écobuage en « nettoyant » la forêt par des moyens moins archaïques que les feux ; du moins plus contrôlables…

C’est un outil de développement durable pour les vallées qui investiraient dans ce moyen de communication entre elles ; il est le garant de la préservation de ce cadre de vie si recherché.

 

Voilà quelques réflexions et pistes, il revient bien sur aux 350 ouvriers de trouver parmi leurs rêves personnels et collectifs quels projets « positifs » ils peuvent présenter pour accompagner le maintien d’une activité « magnésium » minimale durant au moins 5 ans, le temps nécessaire à la remise en question de la délocalisation industrielle : le savoir faire et les outils de production doivent être maintenus sur le site au nom de l’indépendance nationale avec un financement public et privé jusqu’à ce que des certitudes sur le caractère obsolète de la filière soit acquises ou que le site reprenne vie.

 

Deux exigences me semblent importantes : garder le même nombre d’emplois sur les vallées de Marignac et surtout la même masse salariale y compris les primes durant 5 ans quelles que soient les décision des « financiers ». Au regard des bénéfices des 5 années précédentes c’est une goutte d’eau !

 

 

Fait à Juzet de LUCHON 31110 par Alain ZANARDO, ancien Président fondateur de la Maison des Chômeurs de l’AGENAIS et animateur du site http://ccluchon.free.fr Août 2002